vendredi 24 mars 2017

[Réflexion] 40 jours sans connerie humaine


                J’ai essayé de ne pas réagir. Nan je vous jure, mon grand clapet et moi on a tenté de la boucler. Mais y a un moment où faut pas pousser bobonne végane dans les abysses viandardes : tout ce foin autour du défi 40 jours sans viande me gonfle et pas qu’un peu.

                Je passe souvent pour un Caliméro quand je dis ça (que l’on m’apporte une coquille végétale je vous prie !) mais il y a véritablement dans le chef de certaines personnes une haine envers les véganes. Genre, notre simple existence dérange. Et le pire dans tout ce bazar à la con, c’est que les véganes y sont pour rien dans ce défi ! Celui-ci a été lancé par des gens voulant réduire la consommation de viande. Alors vous nous n’excuserez d’exister hein, parce qu’on vous a rien demandé. Et quand bien même, ce foutu défi est proposé et non imposé. Participe donc qui veut. Mais manifestement ceux qui ne veulent pas de ce défi ont besoin de le crier haut et fort au point d’en faire un tapage médiatique : des ripostes en tout genre fleurissent un peu partout. Et elle est là la vraie propagande !

                Sérieusement, ces réactions sont ridicules. On dirait des gosses qui craignent être privés de bonbons. Les agriculteurs s’insurgent, saleté de véganes qui veulent leur voler leur travail ! Le ministre de l’agriculture s’inquiète de ces extrémistes voulant imposer leur régime salade saupoudrée de cailloux. L’utilisateur facebook se rebelle, pas question que l’on touche à son steak !
                Alors j’ai envie de dire ceci : personne ne vous a mis le couteau sous la gorge pour réaliser ce défi. Le couteau, il est sous la gorge des animaux dans les abattoirs. Mais ça, ce n’est pas grave, suprématie du droit au barbec. Je n’en ai rien à foutre de votre droit à manger de la bidoche, le droit de vivre des animaux me semble au-dessus. Je n’en ai rien à foutre du travail des agriculteurs. Je peux difficilement verser une larme pour quelqu’un qui verse du sang chaque jour. La reconversion ça existe, l’agriculture peut être végétale. Les nazis ont aussi perdu leur job le jour où on a fermé les camps de concentration. Perso, ça ne m’empêche pas de dormir. Ouais, je n’y vais pas de mains mortes quand j’ai les boules. Je n’en ai rien à foutre de tous ces crétins qui se sentent menacés comme si les véganes allaient leur arracher leur morceau de steak de la bouche.

                J’en ai juste sacrément ras le légume qu’une fois de plus les véganes soient dépeints comme des fous furieux prêts à tout pour vous obliger à manger de l’herbe. Alors que le véritable extrémisme vient des gens qui se sentent obligés de brandir leur fourche(tte)s parce qu’ils aiment trop les pâtes carbo. À nouveau : ce défi n’est pas obligatoire, alors gavez-vous de viande si ça vous chante les artères et foutez nos la paix. Mais où étaient les alcolos lors du challenge minéral ?!

                Sur les réseaux sociaux, on m’a carrément sorti « Un végane, ça se tutoie. » Ben oui, j’ai fait le choix d’essayer de mener une vie sous le signe de la compassion, ça justifie tout à fait de me manquer de respect. Logique.

                Je fais des efforts pour être une végane ouverte à la discussion. Mais là je vous avouerais que j’ai envie d’hurler. D’envoyer tous ces gens qui crachent sur le véganisme dans les abattoirs. Pour qu’ils soient confrontés à leur ignorance. Pour qu’ils regardent ces animaux dans le blanc de l’œil et leur disent « Ma gourmandise vaut tellement plus que ta vie. » 
                Je ne supporte plus les « J’aime et je respecte les animaux mais ta gueule le végane, le steak c’est trop bon. » Hypocrisie quand tu nous tiens. Je ne supporte plus les moqueries en tout genre, les « Ça a l’air dégueu ce que tu manges » les « Hummmm des pruneaux » quand je parle de lapins à sauver. La société vous a aliéné à ce point pour que vous trembliez rien qu’à l’idée de 40 malheureux jours sans viande ???
                Je suis devenue végane pour les animaux et pour moi, pas pour emmerder les pseudos omnivores. Alors s’ils pouvaient également me foutre la paix, ce ne serait pas du luxe. Parce que moi je n’ai plus le luxe de l’ignorance, pour reprendre les propos d’Isabelle Bertaggia dans sa touchante lettre ouverte.

                Les vives réactions autour de ce défi sont représentatives de notre monde actuel : individualisme, égoïsme, pointer du doigt un prétendu oppresseur pour ne pas se poser question sur l’oppression que l’on exerce soit même. Précisons tout de même qu’en Flandre, ce défi de 40 jours sans viande est vachement mieux accueilli. Le Wallon ira encore s’étonner que le nord du pays soit vu comme en avance sur le sud …

                Dans tout ce merdier, j’ai malgré tout envie de voir du positif. Si ce défi suscite tant de bordel, je veux croire que c’est parce que les lobbies sentent qu’un mouvement est en marche. Petit à petit le véganisme déploie ses ailes car les gens ouvrent leurs yeux. Si les véganes étaient réellement qu’une bande d’abrutis suceurs de cailloux, le débat ne serait pas aussi vif.

                Alors si toi qui me lis aspire à un monde où il est normal de torturer et tuer un être pour son simple plaisir gustatif, crains moi. Crains nous. Crains tous les omnivores prêts à faire des efforts. Parce que tu pourras nous cracher des litres de haine au visage, tu n’enterras pas notre compassion.

                Vivement le challenge 40 jours sans connerie humaine.

                L’amour-du-jambon-ne-surpassera-jamais-l’amour-des-cochons-ment vôtre,

                Solaena