jeudi 23 avril 2015

[Bouquin] Anne Frank : un livre, un « musée »





            Ayant l’envie de lire des bouquins « grands classiques » ainsi qu’un city trip prévu à Amsterdam, où se trouve la maison Anne Frank ; je me suis lancée dans la lecture du journal de cette dernière.



-Anne Frank, le journal-

            J’avoue que je ne connaissais pas grand-chose d’Anne Frank si ce n’est qu’elle avait tenu un journal pendant s’être cachée pour échapper aux nazis. Journal publié après sa mort dans un camp. Je ne savais pas à quoi m’attendre dans cette lecture, et craignais un peu des réflexions futiles et très enfantines. Que nenni. Si le livre débute sur des réflexions d’Anne sur ses copines de classe, très vite l’écriture d’Anne murit au fil des jours passés en captivité. Pour échapper aux nazis, Anne se réfugie dans ce qu’elle appelle « de achterhuis » (« la maison de derrière »), traduit par « l’annexe » en français. Annexe dans laquelle elle vivra deux ans avec sœur, ses parents, un couple et leur fils ainsi qu’un monsieur plus âgé.
Cloîtrée dans cet espace restreint, la vie n’est pas toujours facile. Mais Anne tient bon, notamment grâce à ses correspondances avec « Kitty », nom qu’elle donne à son journal intime. Anne a 13 ans quand elle entame son récit ; 15 ans quand la gestapo l’interrompra à jamais.
            Au fur et à mesure, Anne mûrit et grandit. Elle traverse l’adolescence dans des conditions pénibles ; son corps change et son esprit s’affute. Pas facile d’être en guerre avec soi-même quand le pays dans lequel on vit l’est aussi. Pas facile d’être juive quand les suppôts d’Hitler sont obnubilés par leur quota de juifs à exterminer. Malgré tout, Anne tente de tenir bon et de sourire à la vie.
            Anne, sa personnalité, sa dualité, sa force de vivre, m’ont beaucoup touchée. Très intelligente et en perpétuelle remise en question d’elle-même, elle propose des réflexions intéressantes et étonnamment mûres pour son âge.

            C’est la larme à l’œil que j’ai terminé son récit. Parce que si cette jeune fille pétillante n’a jamais pu devenir l’écrivaine/femme indépendante qu’elle souhaitait. Et ce, parce qu’un connard (qui n’a jamais payé pour crime) va dénoncer Anne et sa famille. Le 4 août 1944, Anne est emmenée par des diables du führer, et mourra quelques mois plus tard dans un camp de concentration. De tous les clandestins de « l’annexe », seul le père de Frank survivra. Le seul hommage qu’il pourra alors rendre à sa fille sera de publier son journal, précieusement conservé par une amie de la famille.
 À l’heure actuelle, la haine envers les juifs a été remise en lumière avec l’attentat du musée juif à Bruxelles, et par la tuerie d’Amedy Coulibaly dans un supermarché juif en France. Il me semblait d’autant plus important de lire le journal d’Anne Frank ; et de visiter cette annexe où elle a vécu deux ans dans la peur d’être anéantie par la haine nazie.



-Anne Frank, le « musée »-

            Célèbre aux 4 coins de la terre, la maison dans laquelle Anne a vécu cachée durant deux ans est prise d’assaut par les touristes. À 9h du mat’, nous avons pu constater qu’il y avait déjà deux heures de file d’attente ! Heureusement, Doudouw et moi avions pu obtenir des tickets coupe-file online la veille de notre visite. Car oui, même les tickets online ne sont pas facile à obtenir ! En clair : dès que vous avez connaissance de la date à laquelle vous allez la visiter, achetez des tickets online. Ravie d’avoir pu échapper à deux heures d’attente, c’est avec curiosité et un peu d’appréhension que je suis entrée dans la maison Anne Frank.
La maison n’est, en soi, pas spectaculaire. Les pièces sont peu meublées, à la demande du père d’Anne. Ce qui est impressionnant c’est de découvrir ces pièces où ils ont vécu, les uns sur les autres, pour échapper en vain à la folie haineuse des nazis.
Lisez ou relisez le journal d’Anne avant de visiter son « annexe ». Vous pourrez ; ainsi vivre plus concrètement son récit en parcourant la maison. Ce qui m’a le plus marquée, ce sont les images collées par Anne sur le mur de sa chambre ; ainsi que les traits sur un mur indiquant l’évolution de la taille d’Anne et sa sœur. Des traits arrêtés trop tôt, parce qu’elles étaient juives.
La maison vous en apprendra davantage sur les 4 protecteurs de la famille Frank, dont Anne parle dans son journal. Cette maison-musée est sobre et concise dans sa présentation ; mais elle ne devrait pas être autrement, à mon sens. Les quelques vidéos proposées sont diffusées en anglais ; et vous trouverez à l’entrée de la maison des fascicules traduisant dans diverses langues ce qui est inscrit sur les murs.
La seule chose qui m’a dérangée, c’est le magasin qui propose une maison/annexe en carton à construire soi-même… Je trouve que l’histoire de cette maison ne s’y prête absolument pas, et ce merchandising n’aurait probablement été du goût d’Anne.

En résumé : visiter cette maison me semble incontournable si vous passez par Amsterdam. Cette maison rappelle combien il est important de lutter contre le racisme et le despotisme. Et laissez-moi préciser que la visite de cette maison se fait avec un minimum de respect : j’ai vu des gens faire des selfies devant une photo d’Anne et cela m’a franchement choquée.
Pour ceux et celles qui craignent voir des photos ou des vidéos très dures : ce n’est pas le cas à quelques exceptions près. La vidéo qui m’a le plus marquée est très courte ; l’on voit une dame pleurer tenant la main d’un soldat « libérateur » au milieu de cadavres. Le plus difficile est de s’imaginer cette souriante petite fille qu’était Anne, mordant sur sa chique durant deux ans entre 4 murs pour échapper à un mal qui la rattrapera et la tuera à Bergen. Le plus dur, c’est de se douter de tous les sévices qu’elle y a subi. Des sévices relatés par Eva Schloss, « demi-sœur » d’Anne et survivante d’Auschwitz.



-« L’histoire d’Eva. Les mémoires de la demi-sœur d’Anne Frank » par Eva Schloss et Evelyn Julia Kent-

            Eva est en réalité la demi-sœur par alliance d’Anne Frank : la maman d’Eva s’est remariée avec le père d’Anne après la libération.
            Eva a connu une histoire similaire à celle de la famille Frank : elle a vécu cachée durant deux ans pour échapper aux nazis. Mais, le jour de ses 15 ans, Eva et sa famille sont dénoncés et raflés. Après un trajet épouvantable, ils sont conduits à Auschwitz. Ce sont de longs mois de souffrances et d’atrocités qu’Eva raconte dans son livre. Un cauchemar duquel son père et son frère ne sortiront pas vivants. L’histoire d’Eva est insoutenable et l’on peine à comprendre où elle a pu trouver la force de survivre à toutes ces horreurs.
            Pourquoi lire ces horreurs ? Parce qu’il faut savoir qu’il y a moins de 100 ans, des humains ont commis ces ignominies. Parce qu’il ne faut plus jamais laisser une chose pareille se produire. Parce qu’il y a sur cette terre des gens qui sont capables de reproduire ces horreurs. Et que donc, il me semble important de se documenter un minimum sur le sujet ; de lire des témoignages de ceux et celles qui ont trouvé une force digne du miracle pour survivre à la fureur nazie.
           
            Pour toutes ces raisons, je vous invite à lire le journal d’Anne Frank et l’histoire d’Eva ainsi que de visiter la maison Anne Frank si vous en avec l’opportunité. Trois expériences dont on ne peut sortir que la gorge serrée, mais grandi.



« Oui, je ne veux pas, comme la plupart des gens, avoir vécu pour rien. Je veux être utile ou agréable aux gens qui vivent autour de moi et qui ne me connaissent pourtant pas, je veux continuer à vivre, même après ma mort ! »[1]

            Solaena
                                       


[1]  Annelies Marie Frank, Journal d’Anne Frank, Édition 28-juin 2006, p.26-28.



                                       

mercredi 15 avril 2015

[Bouquin] « La promesse des ténèbres » de Maxime Chattam.







            Des livres de Maxime Chattam, j’en ai lus pas mal. Certains m’ont scotchée (la trilogie du mal, « Prédateurs », « Le sang du temps »). Certains m’ont déçue (La saga « Autre-Monde », « Les arcanes du chaos ») et j’avais alors laissé cet auteur de côté.
            Une collègue m’a prêté « La promesse des ténèbres » et c’est ainsi que j’ai renoué avec Chattam. Et enfin, celui-ci m’a à nouveau convaincue. Si Chattam a écrit beaucoup de roman « à serial killer », « La promesse des ténèbres » n’en est pas un. Mais il est malgré tout un roman très noir réservé à un lecteur averti. Dans ce roman, les hommes s’en prennent aux femmes avec leurs pires instincts primitifs.

            Dans cette histoire, on retrouve Annabel O’Donnel de « In Tenebris », roman dans lequel on sait que le mari de celle-ci a mystérieusement disparu. Avec « La promesse des ténèbres », on fait connaissance avec son mari, Brady, et l’on apprend ce qui lui est arrivé. En s’intéressant au violent milieu de la pornographie underground, Brady va jouer avec un feu nommé Rubis et s’enfoncer petit à petit dans les ténèbres...

            J’ai eu un peu de mal à me prendre à l’histoire ; mais une fois la descente aux enfers de Brady lancée, j’ai été captivée par l’intrigue. Avec ce roman, j’ai été étonnée d’apprendre l’existence d’un « peuple taupe » dans les bas fonds du métro newyorkais. Chattam donne une référence à la fin du bouquin pour approfondir le sujet, ce que le roman m’a donné envie de faire.
           
            Scabreux, noir à souhait, avec  « La promesse des ténèbres », Chattam nous livre un roman palpitant qui plonge l’humain dans ces plus mauvais instincts. Un roman toutefois à ne pas mettre dans toutes les mains mais dans celles d’amateurs de ce genre de lecture.

            Ténébreusement vôtre,

            Solaena.