J’ai
une histoire particulière avec ce livre. Il est longtemps resté sur une liste
d’idées cadeaux que j’avais donnée à ma mère, car elle a eu beaucoup de difficultés
à le trouver. Quand enfin il se cachait sous du papier cadeau, je l’ai vite
entamé… pour ne plus pouvoir mettre la main dessus quelques jours plus
tard ! Ce n’est que plus d’un an plus tard que je l’ai retrouvé. Le coquin
se cachait au fin fond de mon casier au boulot. Ca m’apprendra à être
bordélique.
C’est
donc avec joie que j’ai recommencé ma lecture. Et dès les premières pages, j’ai
su que le fait d’avoir involontairement attendu de lire cet ouvrage, allait me
permettre de l’apprécier plus en profondeur. Car pendant que ce livre se
cachait dans mon casier, j’ai découvert la communication intuitive dans le
cadre de stages avec Anna Evans. Et quand on pratique la communication
intuitive, on sait ô combien la vie émotionnelle des animaux est intense. Dès
la treizième page, l’auteur dit « Ce
qui m’a fasciné, chez les animaux, c’est qu’ils paraissent avoir directement
accès à leur émotion […] Ils manifestent en permanence ce qu’ils
éprouvent ».
Cela rejoint l’un des principes de base de la communication
intuitive : les animaux vivent ne mode alpha quand nous vivons en mode
beta. Les animaux vivent pleinement leur être, ce qu’ils sont ; quand les
humaines tentent de se cacher derrière des masques, de refouler leurs émotions
ou d’être ce qu’ils ne sont pas.
Le
but de ce livre est de « combler le
fossé entre ce que sait la personne qui a toujours observé les animaux sans a
priori et l’esprit scientifique qui se refuse à s’aventurer sur un terrain
aussi émotionnel ».
En clair, l’auteur veut parler des émotions des animaux, démontrer qu’elles
existent sans être taxé d’anthropomorphisme (l’insulte/argument fétiche de ceux
qui ont tout intérêt à faire passer les animaux pour des robots sans émotion).
En
fait, ce livre ne devrait même pas exister. Il est aberrant de clamer que les
émotions n’existent pas chez l’animal. On ne devrait pas devoir écrire 322
pages pour prouver que les animaux ont un cœur, une âme, une personnalité
propre. Mais nous vivons dans un monde de dégénérés, en perdition. Nous vivons dans
un monde où les humains font subir des choses atroces aux animaux pour les
bouffer, se divertir, se vêtit et j’en passe. Alors, si on reconnaissait que
les animaux ont des émotions, nous reconnaitrions nos pratiques barbares.
Tout
au long du livre, l’auteur nous parle des émotions « principales »
(la joie, la colère, etc.), en illustrant celles-ci par des témoignages et des
expériences. D’ailleurs le livre est très fourni en notes explicatives, et la
bibliographie compte 15 pages ! Une chose est sûre, l’auteur s’est
beaucoup documenté.
Parlons
un peu des expériences citées dans ce livre… La plupart sont d’une cruauté à
faire frémir. Là où l’homme essaie d’en savoir plus sur les
émotions/comportements humaines, il dénigre totalement ceux de l’animal. Ce
livre fournit de bons exemples pour étoffer une argumentation contre la
vivisection. Exemple : l’auteur parle des expériences de Harlow.
Une expérience que je connaissais déjà car j’ai dû l’étudier à l’école pour un
cours de sciences sociales. Elle avait même été l’objet de mon examen oral.
Dans cette expérience, Harlow a démontré que des bébés singes préféraient se
blottir contre des mannequins moelleux plutôt que ceux en fer qui eux donnaient
du lait. Sérieusement, fallait-il vraiment faire subir cela à ces petits
singes ? Était-il nécessaire de les arracher à leurs mères, tout ça pour
se rendre compte qu’ils sont tellement malheureux qu’ils vont se coller à un
substitut moelleux plutôt qu’à celui qui donne du lait mais
inconfortable ? Quelle a été l’utilité de cette expérience ?
Quedalle. Et pourtant elle est considérée comme une référence, et j’ai étudié
cette horreur à l’école.
Autre
expérience citée : Ritcher et ses recherches sur le sentiment
d’impuissance, qui dit : « chez
un rat vivant en liberté, le fait d’être placé dans la main d’un prédateur tel
que l’homme, de se faire couper les moustaches et d’être plongé dans un bac
d’eau chaude dont il lui est impossible de s’échapper, produit un sentiment
d’impuissance ».
Hum. Naaaaaaaaaan, je ne te crois pas Ritcher ! -_- Bien sûr qu’un animal
va vivre un sentiment d’impuissance si on le torture sans qu’il puisse se
défendre ! Avait-on besoin de faire subir ça à un rat pour le
savoir ? NON.
Certains
diront que toutes les expériences sur les animaux ne sont pas aussi débiles, et
ils auront peut-être raison ; néanmoins je les estime toutes aussi
inutiles. Ce qui est « formidable », c’est que les humains utilisent
des animaux pour étudier les émotions humaines tout en en affirmant que les
animaux n’ont pas d’émotion (et que donc on peut les torturer pour les besoins
de la science). Pourquoi étudier les émotions sur eux alors, s’ils sont
incapables d’en éprouver ? On en revient à l’une des plus belles
contradictions de la vivisection : les tests sur les animaux sont
légitimes parce qu’ils sont très proches des humains mais ce n’est pas cruel
car les animaux ne sont pas des humains. Faut se décider hein les gars.
Autre
expérience
encore, celle qui m’a le plus marquée : un certain J.T. Moggridge qui a
plongé, vivante, une araignée dans de l’alcool. Quelques minutes plus tard, il
plongea les petits de cette araignée dans le même bocal. Moggridge vit alors
cette araignée qu’il croyait morte, bouger ses pattes et rassembler ses petits
sous elle avant de mourir. Moggridge en aurait été horrifié, mais ça ne l’a pas
empêché de récidiver avec du chloroforme par la suite.
Alors
oui, une araignée n’est peut-être pas l’animal le plus attendrissant qui soit.
J’avoue être moi-même mal à l’aise avec ce genre d’animal. Mais jamais je
n’infligerai pareil sévice à une araignée. Qui voudrait mourir noyé et voir ses
enfants suivre dans la noyade ? Aucun humain. Aucune araignée. Et
pourtant, cette expérience de Mooggridge interpellera probablement très peu de
gens. Et le fait que je sois touchée par cette expérience m’attirera
probablement des railleries. Malgré tout, je ne peux m’empêcher d’imaginer la
souffrance qu’a vécue cette araignée ? Une souffrance inutile, stupide et
cruelle.
« On ne devrait pas exiger plus de preuves de l’émotion chez un
animal que chez un humain ». On ne devrait pas infliger ça une araignée
parce qu’elle n’a pas la capacité d’hurler dans son bocal. Je m’insurge pour
cette petite bête parce que je pratique la communication intuitive. Une
pratique qui me permet de mettre des mots, des ressentis, des émotions sur ce
que l’animal ne peut pas dire oralement. Les humains ont l’avantage de pouvoir
s’exprimer par la parole. Les animaux ne parlant pas, l’humain se permet d’en
déduire qu’il lui est inférieur. Pourtant, personne n’aurait la connerie de
dire que les muets n’ont pas de sentiments, qu’on a le droit de les torturer ou
qu’ils sont inférieurs.
Avec la communication intuitive, on
sait que les animaux peuvent parler. Mais de manière différente à la nôtre. Et,
chose très importante et soulignée dans le bouquin : « dans la mesure où le langage introduit une distance avec les
sentiments, il ne serait pas impossible que certains animaux vivent beaucoup
plus complètement que nous dans le monde des émotions, un monde dont nous nous
sentons parfois détachés ».
De part ma petite expérience en communication intuitive, je suis tout à fait
d’accord avec ces propos de l’auteur. D’ailleurs, le livre ayant été rédigé en
1995, j’imagine que l’auteur a entendu parler de communication animale depuis
et je serais curieuse de connaître son avis sur le sujet.
Une chose que j’ai apprise dans ce
livre et qu’il m’a fait halluciner, c’est que les défenseurs de l’esclavagisme
prétendaient que les noirs n’ont pas la faculté de rougir. Et donc, les noirs
ne connaissant pas la honte, cela fait d’eux des êtres pas totalement humains…
Quand on pense que ce genre d’horreur date d’il y a pas longtemps, c’est
effrayant. Le respect des humains entre eux est loin d’être gagné.
Je pourrais vous donner des
centaines d’exemples d’émotions chez l’animal, de part mon observation de mes
animaux et des communications intuitives que j’ai réalisées. Mais je suis
certaine que 90% des gens ont déjà pu s’en rendre compte eux-mêmes. Nous sommes
de plus en plus nombreux à soigner nos animaux : coussins moelleurx,
nourriture de qualité, etc. Et pourtant,
parmi tous ces gens, il y en a des tas qui mangent les animaux, financent leur
enfermement dans des zoos/cirques/delphinariums, les portent sur leur dos, etc.
Est-ce que ça vous viendrait à l’esprit de laisser votre chien ou votre chat
vivre dans sa merde, l’engraisser, l’envoyer à l’abattoir pour ensuite le
mettre au four ? C’est ce qui est fait aux cochons, vaches, lapins,
moutons, poulets, etc. Est-ce que vous enfermeriez Médor ou Félix dans une cage
et ne lui donneriez à manger que s’il acceptait de faire des numéros de
clowns ? C’est ce qu’il se passe dans les delphinariums.
Si le statut des animaux domestiques
évolue doucement, celui des non-domestiques en est bien loin. Pourtant,
l’existence de leurs émotions est flagrante ; et ce livre regorge
d’anecdotes.
« Chaque être vivant devrait
avoir le droit inaliénable de ne pas subir notre exploitation et nos mauvais
traitements. Les animaux ne sont pas là pour que nous ouvrions, déchirions,
disséquions leur chair, pour que nous fassions
d’eux des créatures sans défense et soumises à des expériences
atrocement douloureuses ». Néanmoins, l’Homme leur fait subir toutes ces
horreurs. Alors pour se voiler la face et justifier sa cruauté, il prétend que
les animaux n’ont pas d’émotion.
« Celui qui, entendant chanter un oiseau, déclare : "Pour
moi, il n’y a aucune joie dans ce chant" n’a rien prouvé sur les oiseaux.
Mais il a beaucoup révélé sur lui-même. » À vous de voir ce que vous voulez
révéler sur vous-même : l’horreur ou la compassion. Si vous faites le
choix de la compassion, il est temps de devenir vegan ;)
Si le sujet de l’émotion chez l’animal
vous intéresse, je vous recommande ce livre.
Solaena