Aaaaaaaah les thrillers avec
serial killers bien crades à la clé… Une chose est sûre, je n’ai pas étudié la
criminologie pour rien ! Mais le problème, quand on a suivi une formation
en crimino, c’est qu’on a vite fait d’être saoulé par les erreurs perpétrées
dans les « thrillers à sérial killer » en littérature comme au cinéma.
« Rituel » est
le premier bouquin écrit par Mo Hayder que j’ai lu, et je ne sais même plus
comment il a atterri dans ma bibliothèque. Après avoir lu « L’éducation
d’une fée » de Van Cauwelaert, un livre plutôt gentillet à mon sens,
il me fallait un livre bien crade. Hé oui, les criminologues sont aussi timbrés
que les criminels dans le fond ; mais ils ont choisi d’utiliser cette
attirance pour le macabre pour mieux comprendre le crime et le combattre,
plutôt que de la laisser les mener vers la case prison. Ingénieux n’est-ce
pas ?
Le pitch du livre :
deux mains tranchées sont retrouvées dans un port. Ces deux mimines orphelines
vont amener deux personnages à se rencontrer : Jack Caffery et Flea
Marley, deux flics tout deux un peu délurés du bocal.
Jack Caffery est le flic
classique des romans thrillers à sérial killer : paumé, éreinté par la
vie, prêt à péter ma gueule aux méchants depuis la mort de son frère. Je ne
sais pas si vous avez remarqué, mais les personnages de flic à la poursuite de
serial killers ont souvent perdu un proche. Choper du tueur en série devient
alors leur seule raison de vivre. Bien que peu original, le personnage de
Caffery m’a plutôt plue. Après tout, comme dit plus haut, les meilleurs
criminologues n’ont pas toutes leurs frites dans le même sachet (expression
belge que j’affectionne beaucoup, destinée à décrire quelqu’un qui n’est pas
tout seul dans sa tête). Et donc pour parvenir à stopper le tueur au centre de « Rituel »,
il fallait un flic en ayant dans le froc.
Aux côtés de Jack Caffery, il
y a un autre personnage policier : Flea Marley. Spécialisée en plongée
pour retrouver les macab’s ayant piqué un petit plongeon, Flea s’acharne au
travail pour noyer ses démons. Et devinez ce qui la taraude ? La mort
accidentelle de ses parents. Quand je vous le dis qu’ils sont tous devenus
cinglés après avoir perdu un proche !
Pourtant bien conçue niveau
psychologique, le personnage de Fléa m’a moins accrochée que celui de Jack.
Peut-être son côté un peu pleurnichard à répéter toutes les cinq pages « Miss
you mum and dad ». Y a un moment où ça devient gonflant et ça rappelle
les épisodes où Yoga du manga « Les chevaliers du zodiaque » allait
faire une brasse pour revoir Mamounette qui a péri au fond de l’eau. (Mais si,
souvenez-vous, Yoga le seul homme à verser des larmes visibles dans l’eau, dont
la mère repose dans l’eau sans jamais pourrir. Faut dire qu’un cadavre
saponifié c’est moche et ça pue, pas très présentable pour un dessin animé même
si on y fait que s’y castagner. Enfin bref, cette parenthèse devient longue).
Revenons-en à nos
mouchoirs : Flea est un peu trop geignarde à mon goût ; tous les
passages où il est question de la mort de ses parents m’ont paru un tantinet
long.
Le personnage qui m’a le plus
intéressée, c’est celui de Mossy, l’une des victimes Tout au long de la lecture
du livre, on découvre le fil de l’enquête et en parallèle ce qui arrive à la
victime pour laquelle on enquête. C’est ce qui m’a poussée à dévorer le livre
assez rapidement. Bien que pathétique camé à la dérive, Mossy devient vite
attachant. On suit l’enquête en appréhendant ce qui va lui arriver, en espérant
qu’il sera trouvé à temps. Pour moi c’est le plus important dans un livre de ce
genre : être pris dans l’enquête, découvrir son déroulement avec surprise.
À ce niveau là, je pense que « Rituel » réussit le pari.
Parlant du thème des rituels
africains, le livre regorge d’informations à ce sujet et donne envie d’aller
plus loin. Vous savez ce que c’est qu’un « tokoloshe »
vous ? La personnification de la sympathie de Freddy Krueger, avec
souvent une zigounette géante. C’est sûr, avec "Rituel" je
vais aller me coucher moins bête.
Niveau crado, « Rituel »
est plutôt raisonnable. Le grand méchant ne fait pas dans le spectaculaire. Il
n’y a qu’un passage un peu gore : celui où Caffery converse avec un ex
taulard condamné pour meurtre. En gros, ce dernier a pris son temps pour couper
les extrémités d’un guss auquel il en veut beaucoup, en prenant soin de le
garder en vie histoire que le mec sente bien sa douleur. Ce passage est assez
bien détaillé : tout lecteur masculin qui le lira se tiendra en main ses
extrémités les plus chères (celles nécessaires à un tokoloshe en
bonne et due forme) tant on se croirait assister à la séance de torture.
Bref « Rituel »
n’est pas THE roman du genre mais est néanmoins plaisant à lire (si ce n’est
les jérémiades de Flea). Les amateurs d’hémoglobine et tortures bien glauques
seront peut-être un peu déçus. Moi j’y ai trouvé un bon dosage, la psychologie
de la victime m’intéressait plus que ce qu’elle subissait. Je n’ai pas relevé
d’erreurs du point de vue criminologique, ni d’incohérence dans la psychologie
des personnages (un truc qui a vite fait de m’énerver d’ailleurs ^^). Le
concept du rituel africain est bien utilisé et titille la curiosité. Si vous
aimez ce genre de littérature, je vous invite à alors à lire « Rituel ».
Je lirai probablement un autre roman de Mo Hayder (mais si Flea continue ses
pleurnicheries, je lui mets une baffe dans sa gu***e).
Rituellement vôtre, Solaena
P.S. : avouez que vous
n’avez pas attendu de finir l’article pour taper « Tokoloshe » dans
google :D