« Jack et Jill » est le troisième roman
écrit par James Patterson, ainsi que le 3 ème que je lis de cet auteur.
« Le masque de l’araignée » m’avait plu (le personnage du serial
killer était très intéressant de mon point de vue de diplômée en criminologie)
quand « Et tombent les filles » m’a moins enchantée (à mon sens, les
deux serial killers se font chopper de manière bien trop facile).
Si « Le masque de l’araignée » et
« Et tombent les filles » sont des romans du genre « serial
killer qui zigouille à tout va pour sa propre jouissance », « Jack et
Jill » prend plus l’allure d’un roman traitant du bon vieux complot/haute
trahison envers la patrie. En effet, Jack et Jill commettent des assassinats de
gens célèbres car ils sont convaincus que c’est un mal nécessaire pour sauver
leur pays. Assez doués pour tuer de hauts personnages sans laisser le moindre
indice ; Jack et Jill semblent imprenables, des machines à tuer fantômes.
L’une des petites astuces dont ils se servent pour se rendre imprévisibles,
c’est de choisir leur victime au hasard, en jouant aux dés sur une liste de
victimes potentielles. Cette astuce est par ailleurs mise en évidence sur la
couverture du livre (représentant des dés) ainsi que par le résumé que l’on
peut lire sur la jaquette arrière. Cette façon de choisir sa victime, c’est ce
qui m’a intriguée et m’a d’autant plus donnée envie de lire le livre. Car s’il
y a bien une chose qui permet à un « profiler » de déterminer la
psychologique d’un serial killer, et surtout de parvenir à anticiper les
réactions de celui-ci, c’est le choix de la victime. Or, Jack et Jill ne
déterminent que très peu en avance qui sera leur prochaine victime.
Mais cette petite entourloupe pour berner la
police, mise en avant par la couverture et le résumé du livre, ben elle est en
fait très peu soulignée dans le roman… et surtout elle prend vite l’eau !
Car très tôt dans l’histoire, Jack et Jill préviennent la police que leur
intention finale est de buter le président des USA. WHAT THE FUCK ?! On
nous fait un pataquès avec cette histoire de « ils choisissent leurs
victimes au hasard », et après un quart de récit à peine, Jack et Jill
mettent toute la planète au courant qu’ils comptent faire sa fête au président.
Rien que ça. Non seulement leur façon de procéder pour ne pas être démasqués
perd tout son sens ; mais s’il y a bien une victime sur laquelle il
fallait fermer sa mouille, c’est le président. Parce que même si ce livre a été
écrit il y a 15 ans, le président des USA, c’est un peu l’un des mecs le plus
protégé de la galaxie.
Déception donc. Qui ne s’est pas améliorée en poursuivant
ma lecture… Je veux bien croire qu’il y ait des gens assez
formés/entourés/malins que pour tuer des personnages importants sans se faire
choper, mais il y a un meurtre qui n’est à mon sens pas crédible du tout. Une
gonzesse se fait tuer en plein drink. Pouf, par terre, après s’être prise une
balle ; mais le tueur a le temps de tranquillement sortir de la soirée
placée sous haute sécurité, sans que personne ne l’ait vu faire quoique ce
soit. Même avec un flingue silencieux (car le roman ne le précise pas), je ne
peux pas croire que l’on puisse tuer qqn en plein cocktail, entourés de plein
de gens, sans se faire remarquer. Ah si, si l’on va dans un bal d’aveugles et
sourds à la fois, y a peut-être moyen ; mais faut-il encore que le vigile
soit une sacrée clinche. Alors oui, c’est de la fiction, mais on n’est pas au
beau milieu d’une histoire à la Batman ici, il faut un minimum de crédibilité.
Ensuite, vient une plus grosse déception encore.
Jack et Jill ne sont pas les seuls à buter dans ce livre, il y a également un
autre serial killer qui intervient. Un tueur d’enfants, aussi allumé que cruel.
Ce tueur là, il a une putain de psychologie à décrypter ; et dès les
premières lignes, on a plus qu’un seul souhait : qu’Alex Cross (LE
personnage de James Patterson, à la fois flic et « profiler », il
traque les montres assassins créés par Patterson) l’attrape et lui pète toutes
ses dents. Et quand le lecteur apprend qui est celui baptisé « le tueur de
Sojourner Truth », il reste sur le cul tant cela est surprenant et odieux.
Bien plus intéressant que Jack et Jill, le tueur
de Sojourner Truth prend pourtant une place secondaire dans le récit ;
ce qui est à mon sens, un vrai gâchis. Patterson aurait dû consacrer tout un
roman à son machiavélique tueur de Sojourner Truth . Je ne comprends pas
du tout pourquoi il l’a inséré dans « Jack et Jill », surtout que
cela rend le périple de Jack et Jill d’autant moins intéressant, d’autant plus
fade !
Vous l’aurez compris, « Jack et Jill »
est une grosse déception. Patterson y bousille deux histoires qui auraient pu
être beaucoup mieux travaillées. Jack et Jill n’auraient pas du dévoiler si
vite qu’ils comptent tuer le président ; et le récit aurait pu beaucoup
plus s’attarder sur leurs psychologies respectives, ainsi que sur leur jeu du
hasard pour choisir leur prochaine victime. Quant au tueur de Sojourner Truth ,
il aurait dû ne pas être développé parallèlement à Jack et Jill, mais être
l’objet d’un roman bien à lui (et le comble, c’est que dans le roman, il pète
d’autant plus un câble, car il estime que Jack et Jill lui volent la vedette^^).
Si j’étais scénariste, je reprendrais ces deux
histoires pour en faire deux films bien distincts. Les deux premiers livres de
James Patterson ont d’ailleurs été transposés sur le grand écran : une
bouse, et un film fadasse.
La bouse, c’est « Le masque de
l’araignée ». Son personnage central, Gary Soneji, est tout bonnement
démoniaque dans le roman, il ferait peur à Freddy Krueger. Dans le film, Gary
Soneji est une vraie lopette qui se fait avoir comme un bleu. Le génie de
cruauté de Soneji dans le livre s’est volatilisé dans le film, pour donner un
personnage à la limite du ridicule.
Le fadasse, c’est « Le collectionneur »,
adaptation de « Et tombent les filles ». Il est assez fidèle au livre ; mais vu que je n’ai pas accroché au bouquin, je
n’ai pas accroché au film non plus.
Cette déception ne m’empêchera pas malgré tout de
lire un quatrième livre de James Patterson, car j’avoue aimer son personnage
récurrent qu’est Alex Cross. Les personnages de Nana et de Stampson sont assez
attachants également ; je leur donne donc rendez-vous dans une quatrième
lecture.
Jack et
Jill sont venus sur la colline
Comptant y verser de l’hémoglobine
Mais ne
me faisant point frissonner l’échine
Ils forment
un duo d’une histoire pas bien maligne
James
Patterson, j’espère me délecter à tes prochaines lignes