samedi 29 décembre 2012

[Bouquin] “Jack et Jill” de James Patterson.



« Jack et Jill » est le troisième roman écrit par James Patterson, ainsi que le 3 ème que je lis de cet auteur. « Le masque de l’araignée » m’avait plu (le personnage du serial killer était très intéressant de mon point de vue de diplômée en criminologie) quand « Et tombent les filles » m’a moins enchantée (à mon sens, les deux serial killers se font chopper de manière bien trop facile).
Si « Le masque de l’araignée » et « Et tombent les filles » sont des romans du genre « serial killer qui zigouille à tout va pour sa propre jouissance », « Jack et Jill » prend plus l’allure d’un roman traitant du bon vieux complot/haute trahison envers la patrie. En effet, Jack et Jill commettent des assassinats de gens célèbres car ils sont convaincus que c’est un mal nécessaire pour sauver leur pays. Assez doués pour tuer de hauts personnages sans laisser le moindre indice ; Jack et Jill semblent imprenables, des machines à tuer fantômes. L’une des petites astuces dont ils se servent pour se rendre imprévisibles, c’est de choisir leur victime au hasard, en jouant aux dés sur une liste de victimes potentielles. Cette astuce est par ailleurs mise en évidence sur la couverture du livre (représentant des dés) ainsi que par le résumé que l’on peut lire sur la jaquette arrière. Cette façon de choisir sa victime, c’est ce qui m’a intriguée et m’a d’autant plus donnée envie de lire le livre. Car s’il y a bien une chose qui permet à un « profiler » de déterminer la psychologique d’un serial killer, et surtout de parvenir à anticiper les réactions de celui-ci, c’est le choix de la victime. Or, Jack et Jill ne déterminent que très peu en avance qui sera leur prochaine victime.
Mais cette petite entourloupe pour berner la police, mise en avant par la couverture et le résumé du livre, ben elle est en fait très peu soulignée dans le roman… et surtout elle prend vite l’eau ! Car très tôt dans l’histoire, Jack et Jill préviennent la police que leur intention finale est de buter le président des USA. WHAT THE FUCK ?! On nous fait un pataquès avec cette histoire de « ils choisissent leurs victimes au hasard », et après un quart de récit à peine, Jack et Jill mettent toute la planète au courant qu’ils comptent faire sa fête au président. Rien que ça. Non seulement leur façon de procéder pour ne pas être démasqués perd tout son sens ; mais s’il y a bien une victime sur laquelle il fallait fermer sa mouille, c’est le président. Parce que même si ce livre a été écrit il y a 15 ans, le président des USA, c’est un peu l’un des mecs le plus protégé de la galaxie.
Déception donc. Qui ne s’est pas améliorée en poursuivant ma lecture… Je veux bien croire qu’il y ait des gens assez formés/entourés/malins que pour tuer des personnages importants sans se faire choper, mais il y a un meurtre qui n’est à mon sens pas crédible du tout. Une gonzesse se fait tuer en plein drink. Pouf, par terre, après s’être prise une balle ; mais le tueur a le temps de tranquillement sortir de la soirée placée sous haute sécurité, sans que personne ne l’ait vu faire quoique ce soit. Même avec un flingue silencieux (car le roman ne le précise pas), je ne peux pas croire que l’on puisse tuer qqn en plein cocktail, entourés de plein de gens, sans se faire remarquer. Ah si, si l’on va dans un bal d’aveugles et sourds à la fois, y a peut-être moyen ; mais faut-il encore que le vigile soit une sacrée clinche. Alors oui, c’est de la fiction, mais on n’est pas au beau milieu d’une histoire à la Batman ici, il faut un minimum de crédibilité.

Ensuite, vient une plus grosse déception encore. Jack et Jill ne sont pas les seuls à buter dans ce livre, il y a également un autre serial killer qui intervient. Un tueur d’enfants, aussi allumé que cruel. Ce tueur là, il a une putain de psychologie à décrypter ; et dès les premières lignes, on a plus qu’un seul souhait : qu’Alex Cross (LE personnage de James Patterson, à la fois flic et « profiler », il traque les montres assassins créés par Patterson) l’attrape et lui pète toutes ses dents. Et quand le lecteur apprend qui est celui baptisé « le tueur de Sojourner Truth », il reste sur le cul tant cela est surprenant et odieux.
Bien plus intéressant que Jack et Jill, le tueur de Sojourner Truth  prend pourtant une place secondaire dans le récit ; ce qui est à mon sens, un vrai gâchis. Patterson aurait dû consacrer tout un roman à son machiavélique tueur de Sojourner Truth . Je ne comprends pas du tout pourquoi il l’a inséré dans « Jack et Jill », surtout que cela rend le périple de Jack et Jill d’autant moins intéressant, d’autant plus fade !

Vous l’aurez compris, « Jack et Jill » est une grosse déception. Patterson y bousille deux histoires qui auraient pu être beaucoup mieux travaillées. Jack et Jill n’auraient pas du dévoiler si vite qu’ils comptent tuer le président ; et le récit aurait pu beaucoup plus s’attarder sur leurs psychologies respectives, ainsi que sur leur jeu du hasard pour choisir leur prochaine victime. Quant au tueur de Sojourner Truth , il aurait dû ne pas être développé parallèlement à Jack et Jill, mais être l’objet d’un roman bien à lui (et le comble, c’est que dans le roman, il pète d’autant plus un câble, car il estime que Jack et Jill lui volent la vedette^^).
Si j’étais scénariste, je reprendrais ces deux histoires pour en faire deux films bien distincts. Les deux premiers livres de James Patterson ont d’ailleurs été transposés sur le grand écran : une bouse, et un film fadasse.
La bouse, c’est « Le masque de l’araignée ». Son personnage central, Gary Soneji, est tout bonnement démoniaque dans le roman, il ferait peur à Freddy Krueger. Dans le film, Gary Soneji est une vraie lopette qui se fait avoir comme un bleu. Le génie de cruauté de Soneji dans le livre s’est volatilisé dans le film, pour donner un personnage à la limite du ridicule.
Le fadasse, c’est « Le collectionneur », adaptation de « Et tombent les filles ».  Il est assez fidèle au livre ;  mais vu que je n’ai pas accroché au bouquin, je n’ai pas accroché au film non plus.

Cette déception ne m’empêchera pas malgré tout de lire un quatrième livre de James Patterson, car j’avoue aimer son personnage récurrent qu’est Alex Cross. Les personnages de Nana et de Stampson sont assez attachants également ; je leur donne donc rendez-vous dans une quatrième lecture.

Jack et Jill sont venus sur la colline
Comptant  y verser de l’hémoglobine
Mais ne me faisant point frissonner l’échine
Ils forment un duo d’une histoire pas bien maligne
James Patterson, j’espère me délecter à tes prochaines lignes