Fight !
En visionnant
« Burlesque », j’ai eu comme une envie de revoir un film qui m’avait
jadis plu : « Coyote Ugly ». Pourquoi donc ? Parce que j’avais
comme l’impression que ces deux films sont fort similaires. Une petite
comparaison s’impose.
Tout d’abord, on retrouve dans les
deux films, ce que j’appelle « le
personnage de la nunuche, variante « I have a dream » :
Côté coyote, Violet quitte son patelin pour New
York avec l’espoir de devenir une célèbre parolière. Côté burlesque, Ali
(Christina Aguilera) quitte son patelin pour LA avec l’espoir de devenir une
célèbre chanteuse.
Dans les deux cas, on a droit à la
scène de la demoiselle, journal et bic en main, à la recherche d’un job. Violet
se retrouve serveuse au bar « Coyote Ugly ». Ali se retrouve serveuse
au cabaret-bar « Burlesque ».
En cherchant du boulot, Violet rencontre son cutie boy (voir paragphe
suivant) alias Kevin, quand Ali rencontre Jack.
Violet et Ali vont toutes les deux
morfler pour se faire une place au sein de leur boulot : Violet passe pour
une bonne sœur à côté de ses déjantées collègues ; Ali doit se contenter
de servir des verres à des bonnes femmes faisant ce qu’elle voudrait faire
par-dessus : le show.
Ali et Violet vont toutes les deux avoir
bobo au cœur à cause de cutie boy qui joue au con, se faire cambrioler (et
elles ont eu toutes les deux la mauvaise idée de planquer de l’argent dans le
congélo :D ), chialer un bon coup, pour finalement réaliser leur rêve et
devenir célèbre.
Et donc, nos donzelles en détresse
rencontrent toutes les deux un
« cutie boy » :
s’il n’est pas une super bombasse de prime
abord, le cutie boy est le gars mignon tout plein. Et au fur et à mesure que le
film se déroule, on a juste envie de le bouffer. Car cutie boy se révèle chou
comme tout, dévoué à sa nana, sexy, compréhensif. Bref, en réalité, cutie boy
n’existe pas :D
Cutie boy Kevin va galérer un peu
pour séduire sa Violet, va se décarcasser pour l’aider à dépasser sa peur de se
produire sur scène, va se clasher avec Violet pour finalement revenir tout chou
tout plein. Kevin, tu le veux chez toi, sans ses vêtements.
Cutie boy Jack va galérer un peu
plus que Kevin pour séduire son Ali : quand il la rencontre il n’est pas
célibataire ; et quand il le devient enfin, elle se fait draguer par un
beau gosse ayant assez de pognon pour lui offrir une paire de Louboutin.
Aoutch. Néanmoins, cutie Jack va bien évidemment triompher. Il va se
décarcasser pour qu’Ali puisse travailler au cabaret, lui écrire une chanson
(ah ben tiens, vlà un autre parolier), va se clasher avec Ali pour finalement
revenir tout chou tout plein. Jack, tu le veux chez toi, après en avoir fini
avec Kevin, sans ses vêtements MAIS avec la petite boîte de cookies (il faut
voir le film pour comprendre cette histoire de cookies :D )
Bref, Violet et Ali, elles ne se
font pas chier. Elles déboulent de nulle part pour devenir des stars, et en
plus elles ont droit à un cutie boy. Mais il faut reconnaître que pour réaliser
leur rêve, elles ont dû affronter : la
méchante qui parait sans cœur-mais qui en fait en a un bien caché.
Côté coyote, nous avons Lil,
attachée à son bar « Coyote Ugly » telle une moule à son rocher. Elle
gère amendes, visite de flics, bagarres, ivrognes ; son bar c’est son
bébé. Elle mène la vie dure à Violet, la prend pour une cruche et le lui dit en
pleine tronche. Malgré tout, elle affectionne Violet, la soutiendra lors de son
passage sur scène et regrettera de l’avoir virée.
Côté burlesque, nous avons Tess
(Cher), attachée à son cabaret-show telle une moule (en strass) à son rocher.
Elle essuie amendes, avis de saisies, refus de prêt des banques ; elle
préfère se mettre dans la merde jusqu’au cou plutôt que de revendre son cabaret
à un riche entrepreneur. Tess mène la vie dure à Ali, la sous-estime, l’engage
comme danseuse par dépit ; pour au final se rendre compte qu’Ali est une
petite perle qui sauvera son cabaret tant aimé d’une faillite certaine.
Mais encore, nos nunuches vont
également devoir affronter : la
peste aussi garce que sexy. Elle est belle, a de l’assurance… trop
d’assurance, la peste-garce-sexy est celle que vous allez détester. Elle
pourrit la vie de la nunuche protagoniste, et bien souvent elle le fait par
jalousie. Ainsi, coyote Rachel se fait un malin plaisir de piéger Violet qui en
arrive à asperger un contrôleur sanitaire avec une lance à eau :D Quant à
burlesque Nikki (Kirsten Bell), elle est encore plus imbuvable que Rachel.
Rachel est plus dans le « je cogne-je fonce », Nikki est une vraie
fouine qui manigance. Elle tentera de bousiller un numéro d’Ali, mais au final
elle lui donnera l’occasion de révéler son timbre de voix exceptionnel.
Nos deux garces ont néanmoins un
brin d’humanité perdu dans leur sexytude : Rachel soutiendra Violet lors
du show final, Nikki adressera une esquisse de sourire à l’égard d’Ali (faut
pas trop en demander non plus). Néanmoins il ne faut pas trop compter sur ce
brin d’humanité qui disparait aussitôt apparu : Rachel s’empresse de
malmener la remplaçante de Violet quand Nikki s’empresse de faire sa diva.
Au côté de la peste sexy, il y a
également : la gentille pas futfut.
Elle est pas très maligne mais elle se montre aussi jolie que prête à donner un
coup de pouce à la nunuche.
Coyote Cammie se dévoue pour refaire
le look vestimentaire de Violet ; burlesque Georgia applaudit Ali sur
scène alors qu’elle est sa remplaçante. Ce qu’elles n’ont pas dans le cerveau,
elles l’ont dans le cœur.
Nous voilà donc face à deux films où
une héroïne nunuche parvient à accomplir son rêve grâce aux coups de pouce de
cutie boy et la méchante qui ne l’est pas autant qu’elle le semble ; et ce
malgré les coups de bas de la peste sexy car la gentille pas fufut agite son
auréole de temps en temps. Ah, et autre similitude, Ali et Violet ont toutes
les deux perdu leur maman. Poor sweet little things.
Malgré tout, si le fond est très
similaire, la forme ne l’est pas. En effet, si « Coyote Ugly » nous
offre quelques scènes de nanas faisant de la sexy dance sur un bar et de brèves
scènes chantées ; « Burlesque » met le paquet point de vue
show ! Que l’on aime ou pas le répertoire de Christina Aguilera, il faut
reconnaître que cette nana a une sacré voix. Une voix joliment mis en évidence
dans le film. Christina Aguilera est radieuse de fragilité quand elle chante
« Bound to you », exquise de frivolité avec « I am a good
girl », coquine mais jamais vulgaire en interprétant « Guy what takes
his time ».
« Burlesque » se rapproche
de la comédie musicale et le met paquet avec des shows de qualité (avec du
« Diamonds are girls’ best friends à la BO par exemple) ; quand
« Coyote Ugly » se contente de maigres scènes chantées et de danses provocantes.
La scène finale de « Coyote
Ugly » est par ailleurs assez décevante, on attend que Violet dégomme
tout, qu’elle déchaîne la fureur. Au lieu de ça, elle se dégonfle, finit par
trouver du courage grâce à cutie boy Kevin et nous livre un show tout timide.
Soufflé retombé. A côté de ça, Ali dépote tout dans le show final avec
« Express-Show me how you burlesque » écrit par cutie boy Jack. Alors
oui, Ali a le sens du spectacle dans le sang et rêve de rayonner sous les
paillettes, alors que Violet veut juste que l’on chante ses chansons-ne pas faire
de scène. Mais quand même, on nous fait bouffer pendant tout le film que l’on
peut finir « underneath the starlight » si l’on y croit, alors
merdoum on est en droit d’exiger un final un peu plus couillu !
En conclusion, nous avons donc
affaire à deux films pouvant se résumer à « quand on se donne les moyens
de vivre ses rêves, on finit par les atteindre ». Deux films gentillets,
parfois niais. Vous n’assisterez pas à du grand cinéma, mais à un scenar
prévisible et cliché à souhait. Néanmoins, « Burlesque » a le mérite
de proposer aux spectateurs un show agréable à voir, une magnifique voix à
entendre. « Coyote Ugly » lui n’apporte rien de bien intéressant.
C’est par nostalgie que je l’ai revisionné, car à l’époque de sa sortie je
l’avais trouvé génial. Mea culpa, j’étais jeune, innocente, et surtout j’avais
des goûts merdiques en cinéma :D Si je laisse le côté « film pour
gonzesse » de « Burlesque » sur le côté, la seule chose que je
lui reprocherais, c’est la scène où Tess/Cher interprète « You haven’t
seen the last of me ». Une scène que j’ai ressenti comme ajoutée pour que
Cher ait également sa petite part de gloire à côté de Christina Aguilera. Il
aurait été, je pense, plus judicieux de mettre Cher en valeur dans la scène
finale « Express-Show me how you burlesque », comme elle a pu l’être
dans le premier show avec « Welcome to Burlesque ».
Dans « Burlesque » les
femmes font le show tout en restant belles, sexy et voluptueuses ; quand
les coyotes girls frisent le vulgaire et en restent à l’image néandertalienne
de la femme objet. (Ca c’était la minute féministe).
Dans ce combat « Burlesque »
vs « Coyote Ugly », c’est donc les paillettes qui remportent le
combat haut la main ; les coyotes repartent se cacher dans leur tanière.